jeudi 3 décembre 2009

Douze hommes en colère de Sidney Lumet


Fils de l’acteur Baruch Lumet, Sidney Lumet est porté dès son plus jeune âge vers le théâtre. Il monte d’abord sur scène avant de mettre en scène des spectacles à New York. Il réalise ensuite des épisodes de séries télévisées, avant de se lancer dans le cinéma, en réalisant en 1957 Douze hommes en colère, d’après la pièce éponyme de Reginald Rose. L’intérêt du film repose surtout sur l’originalité du sujet et de son traitement scénaristique. Un jury doit délibérer sur le cas d’un jeune homme de dix-huit ans d’origine hispanique, qui est inculpé du meurtre de son père. L’unanimité est requise pour le condamner à la peine capitale. Onze jurés sont convaincus que l’accusé est coupable. Mais le juré n°8 (Henry Fonda) n’en est pas persuadé. Il tente donc de démontrer de manière rationnelle aux autres jurés l’incohérence des éléments de l’enquête.

Un espace étouffant

La scène retenue pour cette analyse (37,42 min ~ 56,55 min) est représentative de l’ensemble du film. On remarque tout d’abord que le réalisateur recourt à une échelle de plans faisant alterner, dans un même décor, des plans demi-ensemble, des plans américains, des plans rapprochés taille (les plus nombreux) et des gros plans. Lumet privilégie deux types d’angles de prise de vues : les vues frontales et les angles à 45°. Les changements d’angles sont fréquents et permettent de dynamiser la mise en scène.
La totalité de la scène et la quasi-totalité de l’oeuvre (hormis les séquences d’ouverture, la discussion entre les jurés dans les toilettes, et les derniers plans où le n°8 quitte le palais de justice) se déroulent dans la pièce où délibère le jury. L’espace filmique, très resserré, suggère un sentiment de claustration et de malaise. Les personnages sont confrontés les uns aux autres et ne peuvent sortir avant d’avoir rendu leur verdict. Ce décor unique, propice au huis clos, met au jour les disparités psychologiques et sociales des douze protagonistes. Ces derniers sont soumis à un état de tension permanent, renforcé par la moiteur intolérable qui règne dans la pièce (certains personnages défont leur nœud de cravate, et on aperçoit la sueur perler sur leur front).
Lumet tente d’échapper au « théâtre filmé », sans pour autant abuser des effets cinématographiques. Il recourt au champ-contrechamp, varie l’échelle de plans et les angles de prises de vue, multiplie les panos et les travelling pour suivre les déambulation des jurés. Quelques zooms focalisent l’attention du spectateur sur l’argumentaire des personnages qui tentent de défendre l’accusé (révélant clairement le parti-pris du cinéaste). La caméra tente de se faire oublier, pour que l’attention du public se focalise sur l’épaisseur des dialogues. Lumet mise avant tout sur la tonicité de l’interprétation pour donner du relief au scénario. Les plans les plus intéressants, en termes de mise-en-scène, restent ceux où la caméra est placée à la hauteur de la table, afin d’impliquer davantage le spectateur dans les délibérations, en le plaçant en quelque sorte dans la peau d’un « énième » juré.

Le triomphe de la raison

La fonction narrative du n°8 est de montrer au collectif l’importance de la mission confiée à un juré. Celui-ci doit mettre en œuvre toutes ses capacités de raisonnement pour prendre sa décision. A l’inverse, les autres personnages, persuadés de détenir la vérité, prennent les délibérations à la légère et formulent un jugement hâtif. 
Le n°8 symbolise la figure du citoyen juste et intègre, qui montre que le système pénal fonctionne malgré sa fragilité. Il recourt à un raisonnement logique pour susciter le doute dans l’esprit des jurés – c’est un architecte qui bâtit un cheminement rationnel, tout comme il construit des édifices.
Lumet montre que les hommes se comportent de manière grégaire et qu’un grand nombre de préjugés obscurcissent la raison. Néanmoins, l’action d’un seul individu peut conduire le groupe à se défaire de l’erreur et à sortir de la caverne. Les entraves du jugement se défont peu à peu dans le film car, comme l’énonce Descartes dans le Discours de la méthode : « La raison est naturellement égale en tous les hommes ». Aussi, c’est en la faisant triompher que les personnages affirment pleinement leur humanité.  

Aurélien Portelli

DOUZE HOMME EN COLERE

Réalisation : Sidney Lumet. Scénario : Reginald Rose. Production : Henry Fonda, George Justin, Reginald Rose. Photographie : Boris Kaufman. Montage : Carl Lerner. Musique : Kenyon Hopkins. Interprétation : Henry Fonda, Lee J. Cobb, Ed Begley, E. G. Marshall, Jack Warden (USA / 1957 / 100 min.).

1 commentaire:

oceanewach a dit…

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