L’affaire Mori, réalisé en 1977 par Pasquale Squitieri, relate un épisode célèbre de l’histoire de la lutte antimafia. Cesare Mori (Giuliano Gemma) est nommé, en novembre 1925, préfet de Palerme par Mussolini. A son arrivée, la mafia règne sur la Sicile et maintient la population dans la terreur. L'oeuvre semble suivre la série des films italiens qui désacralise l’Honorable société. L’affaire Mori est donc à l’opposé de la vision romantique de la mafia que proposent, à l’époque, des réalisations comme Le parrain (F. F. Coppola, 1972).Par ailleurs, la déliquescence des pouvoirs publics en Sicile dans L’affaire Mori reflète indubitablement le contexte politique de l’Italie des années 1970. Aussi, les cinéastes revisitent-ils l’histoire de leur pays pour tenter de comprendre l’origine des problèmes sociaux responsables de l'atomisation de la nation transalpine.
Réaffirmer l’autorité de l’Etat en Sicile
L’Etat n’entreprend, jusqu'à l'arrivée de Mori, aucune action pour diminuer la précarité des Siciliens. Une séquence le souligne clairement : après avoir abattu un mafieux, Mori s’adresse à Anna Torrisi (Claudia Cardinale), l'épouse d'un bandit, et lui annonce avec fierté que l’Etat les a libérés de la peur. Anna lui répond avec colère que celui-ci ferait mieux de les « libérer de la misère ». L’affaire Mori rejoint ainsi les nombreux films italiens qui décrivent la paupérisation du Mezzogiorno, tels que La terre tremble (Luchino Visconti, 1948), Le Christ s’est arrêté à Eboli (Francesco Rosi, 1979) et plus récemment Tornando a casa (Vincenzo Marra, 2001).
Le personnage interprété par Claudia Cardinale symbolise cette pauvreté. Sa vie a été terrible : elle a été enlevée par un brigand, qui l’a mariée ensuite de force à un autre criminel. Ce dernier n’a pu améliorer ses conditions de vie. En effet, elle porte des haillons et son enfant est obligé d’aller travailler à la mine. Anna garde pourtant sa fierté et refuse le linge et les médicaments que le préfet lui envoie.
Ce dernier lui demande pour quelles raisons les habitants l’appellent « le Piémontais ». Ce surnom l’étonne car il n’est pas originaire de cette région d’Italie. Anna lui répond : « Nous appelons piémontais tous nos ennemis ». Cette référence à « l’expédition des Mille », durant laquelle Garibaldi rattacha en 1860 le Sud de l’Italie au royaume de Victor-Emmanuel II, démontre qu’une partie de la population sicilienne réfute son héritage risorgimental. La paysanne condamne le pouvoir central romain, en l’assimilant à l’ancienne administration piémontaise, qui fut à l’origine de l’Unité italienne.
La Sicile est donc représentée comme un territoire échappant à l’autorité étatique. Dès son arrivée au palais de la préfecture de Palerme, Mori établit le récapitulatif des crimes mafieux qui se sont déroulés pendant l’année, et annonce son objectif de changer la mentalité des Siciliens. Ces derniers devront désormais s’adresser à l’Etat pour recevoir la justice, et non à la mafia.
Le préfet est présenté comme un fonctionnaire zélé et intègre. C’est un homme d’action et non un bureaucrate qui dirige l’Italie depuis la capitale. Mori a été abandonné lorsqu’il était enfant. Sans l’Etat, il n’aurait pas pu progresser socialement et occuper un haut poste dans l’administration italienne. Il conçoit donc l’entité étatique dans un rapport de transcendance, dont les intérêts sont bien supérieurs à ceux de la famille (il se sent d’ailleurs investi par une mission qui le dépasse). Ainsi, il n’est pas étonnant que Mori n’entretienne aucun rapport avec le catholicisme durant le film. La seule religion qu'il adopte est de servir consciencieusement l’Etat.
La stratégie du préfet repose sur trois fondements : premièrement éradiquer promptement la mafia en multipliant le nombre des arrestations, deuxièmement sensibiliser les forces de l’ordre et les magistrats pour que ces derniers prennent des mesures adéquates, troisièmement lutter contre la misère en Sicile. En effet, pour Mori, le banditisme résulte des conditions de vie alarmantes du peuple, et en particulier de l’analphabétisme et des ravages provoqués par la malaria. Il demande donc à un médecin d’organiser rapidement la distribution de médicaments dans les campagnes.
Ses résolutions engendrent malgré lui un désordre social, qui déplait fortement aux latifundistes. Dans une séquence, deux aristocrates traversent Palerme en voiture et rencontrent un prêtre. Celui-ci leur annonce que les paysans sont en grève car ils se sentent soutenus par leur préfet. Le clerc est filmé en plongée, tandis que les membres de l’élite locale sont assis sur les sièges surélevés du véhicule. La composition du plan indique que le clergé est aux ordres de l’élite locale, qui l’utilise comme un moyen de surveiller et de contrôler le peuple.
Les méthodes du préfet sont radicales. Il n’hésite pas à intervenir sur le terrain et à s’attaquer directement aux criminels. Mori ordonne aux forces de l’ordre d’assiéger un village, afin de déloger les brigands qui s’y dissimulent depuis des années. Les carabiniers pénètrent dans une maison et localisent un souterrain où les hors-la-loi se sont réfugiés. Mori décide de descendre lui-même dans la galerie. La symbolique est évidente. Pour la première fois, le pouvoir étatique pénètre dans les bas-fonds de la société insulaire pour vaincre le mal à la racine et instaurer l’ordre en profondeur.
Les procédés extrêmes de Mori étaient déjà célèbres avant qu’il ne devienne préfet de Palerme. En effet, selon M.-A. Matard-Bonucci, « Il se distingue dans la lutte contre le brigandage, en pleine expansion pendant la guerre, expérimentant des méthodes de répression drastiques, décrétant l’état de siège de régions entières, faisant pression sur la population, stratégie qu’il utilisera de façon systématique sous le fascisme. La fermeté dont il fait preuve à l’égard des luttes de la paysannerie lui attire, dès ce premier long séjour insulaire, la reconnaissance des propriétaires terriens. Nommé préfet de police à Turin, à la fin de l’année 1917, il fait preuve d’une intransigeance de fer à l’égard des socialistes, intransigeance dont il ne se départit pas lorsque, préfet de police à Rome, il fait réprimer dans le sang, en mai 1920, une manifestation d’étudiants nationalistes et dalmates qui entendait commémorer le cinquième anniversaire de l’entrée en guerre de l’Italie »[1].
Le film dresse par conséquent un portrait édulcoré de Mori, qui fait l’impasse sur les actes violents qu’il a pu commettre au cours de sa carrière. Dans le film, ses représailles ne visent que des criminels endurcis, et non des paysans, comme ce fut le cas dans la réalité. Il faut, par la même occasion, réévaluer les rapports ambigus qu’il entretient avec le fascisme, que les scénaristes ont choisi de déformer pour plusieurs raisons.
« Ou bien, ou bien … »
Plusieurs effets pervers se dégagent du film. Premièrement, Cesare Mori n’est pas présenté comme un fasciste. Alors qu’il se trouve encore dans le train le menant à Palerme, un fonctionnaire fait une rapide référence à sa dureté, quelques années plus tôt, face aux chemises noires. L’histoire donne raison au scénario. En effet, « En février 1921, Mori est nommé préfet de Bologne, au moment même où l’Etat commence à être ébranlé par les assauts des premières troupes squadristes. Sa détermination à imposer le respect de la loi ne se démentit pas et sa fermeté à l’égard des chemises noires lui vaudra d’être considéré avec suspicion par les fascistes les plus intransigeants pendant toute sa carrière »[2].Dans une séquence, le député fasciste de Palerme rend visite au préfet et lui affirme qu’il peut compter sur l’appui total de ses hommes. L’élu offre ensuite l’insigne du parti à Mori, car celui-ci ne l’avait pas à son arrivée. Le préfet lui répond alors qu’on peut être fasciste sans pour autant porter d’insigne. Tout indique, dans le film, que le protagoniste n’est évidemment pas un partisan, aussi discret soit-il, de l’idéologie mussolinienne et qu’il se considère en fait comme le représentant neutre du pouvoir exécutif. L'illusion est énorme : le serviteur d’un Etat fasciste est indubitablement subordonné aux orientations et aux pratiques politiques suscitées par un régime coercitif dont la brutalité n’est plus à démontrer. En témoignent les moyens barbares employés durant l’affaire Matteotti, dont les conséquences permirent au Duce d’instaurer la dictature.
Deuxièmement, le film insiste sur les exactions des mafieux, en occultant justement celles des fascistes. Mori visite une ferme isolée où une famille de paysans a été assassinée par des membres de l’Honorable société. Un carabinier, impressionné par ce carnage, court vomir à l’extérieur de la maison. Le préfet découvre le cadavre d’une femme, qui est allongé sur la paille. Sa jupe est retroussée et son chemisier arraché dévoile sa poitrine. Une jeune fille, ayant subi le même sort, gît contre un mur. La mafia a recours au meurtre et au viol, tandis que Mori adopte des mesures certes sévères, mais qui visent seulement les criminels siciliens, et non des innocents. Le préfet use de son arbitraire seulement pour servir une justice « défascisée ».
On imagine dès lors dans quel camp se place le spectateur : c’est-à-dire celui du fascisme et de la légitimation de la force autoritaire. Cette situation inconfortable est comparable à celle que décrit Serge Daney dans son article Anti-Rétro, à propos de Portier de nuit : « Entre Hans, le néo-nazi en mal de recyclage social, et Max, l’ex-nazi qui accepte – assez romantiquement – d’en mourir, le spectateur ne peut pas ne pas choisir. Il sera (qu’il le sache ou non importe peu) avec celui qui s’assume comme nazi et se retrouve comme Homme (Max), contre celui qui se refoule en tant que nazi et n’a donc toujours rien d’humain (Hans) »[3]. Selon Daney, la construction du film laisse le choix entre le moins mauvais des deux personnages. « Choisir entre deux présidents, deux réponses, deux noms, deux lessives, c’est toujours le même ou bien/ou bien. C’est toujours oublier qu’on peut choisir entre ces termes là, en exiger d’autres, plus justes, plus conformes à ses intérêts »[4].
Cette impression est accentuée lors de la séquence spectaculaire de l’attaque du village par les carabiniers. Celle-ci est plus dynamique que les scènes précédentes. La musique d’Ennio Morricone renforce le rythme très soutenu du montage. Les plans insistent sur l’importance des moyens mis en oeuvre et sur l’impuissance des brigands, qui opposent une faible résistance aux forces de l’ordre. La brutalité de ces arrestations provoque une certaine jouissance chez le spectateur, qui doit se rendre à l’évidence sur l’efficacité des méthodes entreprises sous le fascisme. On imagine facilement l’effet de ce genre de réalisation à une époque où le gouvernement est incapable de résoudre les problèmes sociaux et politiques que connaît l’Italie.
Sur ce point, il est intéressant de confronter L’affaire Mori à Cent jours à Palerme, film réalisé par Giuseppe Ferrara en 1984, qui raconte la lutte du Général Carlo Dalla Chiesa (Lino Ventura) contre la mafia, de sa nomination à la préfecture palermitaine en mai 1982 jusqu’à son assassinat au début du mois de septembre. L’œuvre entretient de nombreuses analogies avec celle de Squitieri. Tout comme son homologue, le général s’est distingué par des actions d’éclats avant de devenir préfet, en s’opposant notamment aux Brigades rouges. Il souhaite également réaffirmer le pouvoir de l’Etat, qui semble encore plus amoindri en Sicile à cette période que dans les années 1920.
En effet, l’Honorable société s’est considérablement renforcée depuis le fascisme. Ses cadres structurels et la nature de ses activités ont été réformés en partie par Lucky Luciano (contraint de quitter le territoire des Etats-Unis en 1946, il s’installe à Naples l’année suivante). Ses ramifications dépassent les limites de la Méditerranée et détient de solides relations avec le crime organisé new-yorkais, ce qui n’était pas le cas avant la Seconde Guerre mondiale, d'après le repenti Antonino Calderone[5]. Les membres de Cosa Nostra sont ainsi devenus des hommes d’affaire et se sont enrichis grâce au commerce de stupéfiants.Les conditions de vie du peuple sicilien restent précaires. Une courte séquence le démontre dans le film de Ferrara. Le général se rend à la préfecture en taxi et découvre, à un feu rouge, la réalité de la misère à Palerme. Des enfants viennent taper à la vitre du véhicule pour vendre des chapelets d’ail qu’ils ont autour du cou[6].
Dalla Chiesa est animé par une même détermination que Mori, et adopte des orientations similaires, en lançant notamment une campagne d’information pour sensibiliser les siciliens et leur redonner confiance en la justice et l’ordre. Les deux films se différencient cependant lorsqu’il s’agit de montrer l’efficacité de chaque préfet. La progression de l’enquête menée par Dalla Chiesa est laborieuse et aboutit finalement a son élimination. L’Etat qu’il représente semble incapable de mettre en oeuvre des mesures efficaces contre les criminels. Au contraire Mori, (même s’il affronte une organisation moins puissante que celle des années 1980) ordonne une répression de vaste ampleur, parvient à multiplier les arrestations et à expulser les mafieux de Sicile. L’autoritarisme fasciste réussit par conséquent à enrayer les mécanismes de Cosa Nostra. La démocratie, quant à elle, échoue dans son combat contre le crime organisé, révélant ainsi ses faiblesses au grand jour. L’éloge de la lutte antimafia sous le fascisme est néanmoins nuancé dans le dernier tiers du film.
Une critique du fascisme bien tardive
Le préfet finit par arrêter les membres de la haute société palermitaine qui soutient la mafia depuis des années. Le procès est retentissant. Le procureur pense que cette initiative ne sera pas appréciée à Rome. Pour lui, « Peut-être qu’au fond le gouvernement préfère les gros titres sur les journaux à une action concrète et définitive ». Les véritables motivations du régime apparaissent enfin. Le film met au jour la veulerie des dirigeants fascistes, qui souhaitent seulement soulever la poussière qui recouvre la Sicile, sans pour autant nettoyer celle-ci des mafieux.
Les prérogatives concédées à Mori ne semblent donc pas illimitées, contrairement à ce qu’il pense. Cent jours à Palerme décrit une situation semblable. Lors d’une entrevue, le capitaine Fontana (Stefano Satta Flores) s’interroge sur les véritables pouvoirs qui ont été conférés à Dalla Chiesa. Le subordonné du préfet ne pense pas que son action soit comparable à celle qu’il a mené contre le terrorisme. Pour lui, une lutte totale contre les Brigades rouges a été engagée car ces derniers représentaient une menace directe pour l'Etat, tandis que le pouvoir officiel et la mafia sont intimement liés à Palerme. Mori rencontre les mêmes difficultés que Dalla Chiesa lorsqu’il s’attaque au sommet de la hiérarchie mafieuse.Il découvre que les fascistes et le pouvoir local sont inséparables en Sicile. L’efficacité et les bonnes intentions du fascisme sont profondément remises en cause. Le préfet parvient à remonter jusqu’au député et au ministre de l’intérieur lui-même. Les terrains acquis par les mafieux ont été légués à l’honorable élu, qui les a vendus à l’Etat pour construire un aéroport ainsi que la nouvelle maison du parti. Mori comprend que sa mission appartenait en fait à une stratégie plus globale d’implantation du fascisme en Sicile. L’Etat a par conséquent profité secrètement des réseaux mafieux pour renforcer son autorité sur le peuple.
Mori reçoit les honneurs lors de l’inauguration de la maison du parti. Mais ce dernier sait que « La plaie reste ouverte » et que Cosa Nostra n’a pas été entièrement éradiquée en Sicile. Selon Lupo : « Il y a deux thèses opposées. Selon l’une, Mori aurait anéanti la mafia, qui n’allait renaître qu’en 1943, toute armée, comme Athéna sortant de la tête de Zeus. D’autres soutiennent que le préfet fut stoppé au moment où il allait arriver en haut, ou encore que l’action ne fut dirigée que contre les petits délinquants, selon uen logique de classe »[7]. Le film privilégie donc la seconde hypothèse, à l’instar de l’ouvrage de M.-A. Matard-Bonucci : « Que la fascisme n’ai pas réussi à détruire la mafia est une évidence. La reconstitution rapide des circuits mafieux à la libération, la continuité du pouvoir de certaines cosches de part et d’autre de vingt années fascistes suffisent à la démontrer »[8], même si le régime est parvenu à donner un coup dur aux familles et à adopter de nouvelles stratégies pour échapper à la répression organisée par le préfet de fer.
Sur ce point, le film semble donc rester fidèle à l’histoire, contrairement au personnage de Mori, qui utilisa dans la réalité des méthodes proprement fascistes pour éradiquer la mafia : « Prises d’otages, déportations, et dans certains cas, vraisemblablement recours à la torture, le préfet Mori ne lésina pas sur la brutalité des moyens, se révélant parfaitement à son aise dans le contexte policier de construction de l’Etat totalitaire »[9]. À l'inverse du discours de l’œuvre de Squitieri, Mori fut l’apôtre du régime fasciste, et non le représentant d’une entité étatique qu’il voulait neutre : « Cesare Mori se proclamait volontiers fasciste et participa sans rechigner aux grandes batailles politiques du régime. Toutefois, ses choix politiques procédaient moins, à l’évidence, d’une adhésion au principe idéologique de la révolution fasciste que d’un credo dans l’affirmation d’un Etat fort »[10]. L’affaire Mori décrit un personnage autoritaire tout en étant défascisé, ce qui a l’avantage d’offrir un modèle d’intégrité et de réussite (même partielle), que l’administration italienne est loin de pouvoir offrir dans les années 1970. Le préfet Mori incarnerait dès lors une alternative pour une nation qui, à l’instar du personnage joué par Claudia Cardinale, a perdu sa croyance en la compétence de l'Etat.
Réaffirmer l’autorité de l’Etat en Sicile
L’Etat n’entreprend, jusqu'à l'arrivée de Mori, aucune action pour diminuer la précarité des Siciliens. Une séquence le souligne clairement : après avoir abattu un mafieux, Mori s’adresse à Anna Torrisi (Claudia Cardinale), l'épouse d'un bandit, et lui annonce avec fierté que l’Etat les a libérés de la peur. Anna lui répond avec colère que celui-ci ferait mieux de les « libérer de la misère ». L’affaire Mori rejoint ainsi les nombreux films italiens qui décrivent la paupérisation du Mezzogiorno, tels que La terre tremble (Luchino Visconti, 1948), Le Christ s’est arrêté à Eboli (Francesco Rosi, 1979) et plus récemment Tornando a casa (Vincenzo Marra, 2001).
Le personnage interprété par Claudia Cardinale symbolise cette pauvreté. Sa vie a été terrible : elle a été enlevée par un brigand, qui l’a mariée ensuite de force à un autre criminel. Ce dernier n’a pu améliorer ses conditions de vie. En effet, elle porte des haillons et son enfant est obligé d’aller travailler à la mine. Anna garde pourtant sa fierté et refuse le linge et les médicaments que le préfet lui envoie.
Ce dernier lui demande pour quelles raisons les habitants l’appellent « le Piémontais ». Ce surnom l’étonne car il n’est pas originaire de cette région d’Italie. Anna lui répond : « Nous appelons piémontais tous nos ennemis ». Cette référence à « l’expédition des Mille », durant laquelle Garibaldi rattacha en 1860 le Sud de l’Italie au royaume de Victor-Emmanuel II, démontre qu’une partie de la population sicilienne réfute son héritage risorgimental. La paysanne condamne le pouvoir central romain, en l’assimilant à l’ancienne administration piémontaise, qui fut à l’origine de l’Unité italienne.
La Sicile est donc représentée comme un territoire échappant à l’autorité étatique. Dès son arrivée au palais de la préfecture de Palerme, Mori établit le récapitulatif des crimes mafieux qui se sont déroulés pendant l’année, et annonce son objectif de changer la mentalité des Siciliens. Ces derniers devront désormais s’adresser à l’Etat pour recevoir la justice, et non à la mafia.
Le préfet est présenté comme un fonctionnaire zélé et intègre. C’est un homme d’action et non un bureaucrate qui dirige l’Italie depuis la capitale. Mori a été abandonné lorsqu’il était enfant. Sans l’Etat, il n’aurait pas pu progresser socialement et occuper un haut poste dans l’administration italienne. Il conçoit donc l’entité étatique dans un rapport de transcendance, dont les intérêts sont bien supérieurs à ceux de la famille (il se sent d’ailleurs investi par une mission qui le dépasse). Ainsi, il n’est pas étonnant que Mori n’entretienne aucun rapport avec le catholicisme durant le film. La seule religion qu'il adopte est de servir consciencieusement l’Etat.
La stratégie du préfet repose sur trois fondements : premièrement éradiquer promptement la mafia en multipliant le nombre des arrestations, deuxièmement sensibiliser les forces de l’ordre et les magistrats pour que ces derniers prennent des mesures adéquates, troisièmement lutter contre la misère en Sicile. En effet, pour Mori, le banditisme résulte des conditions de vie alarmantes du peuple, et en particulier de l’analphabétisme et des ravages provoqués par la malaria. Il demande donc à un médecin d’organiser rapidement la distribution de médicaments dans les campagnes.
Ses résolutions engendrent malgré lui un désordre social, qui déplait fortement aux latifundistes. Dans une séquence, deux aristocrates traversent Palerme en voiture et rencontrent un prêtre. Celui-ci leur annonce que les paysans sont en grève car ils se sentent soutenus par leur préfet. Le clerc est filmé en plongée, tandis que les membres de l’élite locale sont assis sur les sièges surélevés du véhicule. La composition du plan indique que le clergé est aux ordres de l’élite locale, qui l’utilise comme un moyen de surveiller et de contrôler le peuple.
Les méthodes du préfet sont radicales. Il n’hésite pas à intervenir sur le terrain et à s’attaquer directement aux criminels. Mori ordonne aux forces de l’ordre d’assiéger un village, afin de déloger les brigands qui s’y dissimulent depuis des années. Les carabiniers pénètrent dans une maison et localisent un souterrain où les hors-la-loi se sont réfugiés. Mori décide de descendre lui-même dans la galerie. La symbolique est évidente. Pour la première fois, le pouvoir étatique pénètre dans les bas-fonds de la société insulaire pour vaincre le mal à la racine et instaurer l’ordre en profondeur.
Les procédés extrêmes de Mori étaient déjà célèbres avant qu’il ne devienne préfet de Palerme. En effet, selon M.-A. Matard-Bonucci, « Il se distingue dans la lutte contre le brigandage, en pleine expansion pendant la guerre, expérimentant des méthodes de répression drastiques, décrétant l’état de siège de régions entières, faisant pression sur la population, stratégie qu’il utilisera de façon systématique sous le fascisme. La fermeté dont il fait preuve à l’égard des luttes de la paysannerie lui attire, dès ce premier long séjour insulaire, la reconnaissance des propriétaires terriens. Nommé préfet de police à Turin, à la fin de l’année 1917, il fait preuve d’une intransigeance de fer à l’égard des socialistes, intransigeance dont il ne se départit pas lorsque, préfet de police à Rome, il fait réprimer dans le sang, en mai 1920, une manifestation d’étudiants nationalistes et dalmates qui entendait commémorer le cinquième anniversaire de l’entrée en guerre de l’Italie »[1].
Le film dresse par conséquent un portrait édulcoré de Mori, qui fait l’impasse sur les actes violents qu’il a pu commettre au cours de sa carrière. Dans le film, ses représailles ne visent que des criminels endurcis, et non des paysans, comme ce fut le cas dans la réalité. Il faut, par la même occasion, réévaluer les rapports ambigus qu’il entretient avec le fascisme, que les scénaristes ont choisi de déformer pour plusieurs raisons.
« Ou bien, ou bien … »
Plusieurs effets pervers se dégagent du film. Premièrement, Cesare Mori n’est pas présenté comme un fasciste. Alors qu’il se trouve encore dans le train le menant à Palerme, un fonctionnaire fait une rapide référence à sa dureté, quelques années plus tôt, face aux chemises noires. L’histoire donne raison au scénario. En effet, « En février 1921, Mori est nommé préfet de Bologne, au moment même où l’Etat commence à être ébranlé par les assauts des premières troupes squadristes. Sa détermination à imposer le respect de la loi ne se démentit pas et sa fermeté à l’égard des chemises noires lui vaudra d’être considéré avec suspicion par les fascistes les plus intransigeants pendant toute sa carrière »[2].Dans une séquence, le député fasciste de Palerme rend visite au préfet et lui affirme qu’il peut compter sur l’appui total de ses hommes. L’élu offre ensuite l’insigne du parti à Mori, car celui-ci ne l’avait pas à son arrivée. Le préfet lui répond alors qu’on peut être fasciste sans pour autant porter d’insigne. Tout indique, dans le film, que le protagoniste n’est évidemment pas un partisan, aussi discret soit-il, de l’idéologie mussolinienne et qu’il se considère en fait comme le représentant neutre du pouvoir exécutif. L'illusion est énorme : le serviteur d’un Etat fasciste est indubitablement subordonné aux orientations et aux pratiques politiques suscitées par un régime coercitif dont la brutalité n’est plus à démontrer. En témoignent les moyens barbares employés durant l’affaire Matteotti, dont les conséquences permirent au Duce d’instaurer la dictature.
Deuxièmement, le film insiste sur les exactions des mafieux, en occultant justement celles des fascistes. Mori visite une ferme isolée où une famille de paysans a été assassinée par des membres de l’Honorable société. Un carabinier, impressionné par ce carnage, court vomir à l’extérieur de la maison. Le préfet découvre le cadavre d’une femme, qui est allongé sur la paille. Sa jupe est retroussée et son chemisier arraché dévoile sa poitrine. Une jeune fille, ayant subi le même sort, gît contre un mur. La mafia a recours au meurtre et au viol, tandis que Mori adopte des mesures certes sévères, mais qui visent seulement les criminels siciliens, et non des innocents. Le préfet use de son arbitraire seulement pour servir une justice « défascisée ».
On imagine dès lors dans quel camp se place le spectateur : c’est-à-dire celui du fascisme et de la légitimation de la force autoritaire. Cette situation inconfortable est comparable à celle que décrit Serge Daney dans son article Anti-Rétro, à propos de Portier de nuit : « Entre Hans, le néo-nazi en mal de recyclage social, et Max, l’ex-nazi qui accepte – assez romantiquement – d’en mourir, le spectateur ne peut pas ne pas choisir. Il sera (qu’il le sache ou non importe peu) avec celui qui s’assume comme nazi et se retrouve comme Homme (Max), contre celui qui se refoule en tant que nazi et n’a donc toujours rien d’humain (Hans) »[3]. Selon Daney, la construction du film laisse le choix entre le moins mauvais des deux personnages. « Choisir entre deux présidents, deux réponses, deux noms, deux lessives, c’est toujours le même ou bien/ou bien. C’est toujours oublier qu’on peut choisir entre ces termes là, en exiger d’autres, plus justes, plus conformes à ses intérêts »[4].
Cette impression est accentuée lors de la séquence spectaculaire de l’attaque du village par les carabiniers. Celle-ci est plus dynamique que les scènes précédentes. La musique d’Ennio Morricone renforce le rythme très soutenu du montage. Les plans insistent sur l’importance des moyens mis en oeuvre et sur l’impuissance des brigands, qui opposent une faible résistance aux forces de l’ordre. La brutalité de ces arrestations provoque une certaine jouissance chez le spectateur, qui doit se rendre à l’évidence sur l’efficacité des méthodes entreprises sous le fascisme. On imagine facilement l’effet de ce genre de réalisation à une époque où le gouvernement est incapable de résoudre les problèmes sociaux et politiques que connaît l’Italie.
Sur ce point, il est intéressant de confronter L’affaire Mori à Cent jours à Palerme, film réalisé par Giuseppe Ferrara en 1984, qui raconte la lutte du Général Carlo Dalla Chiesa (Lino Ventura) contre la mafia, de sa nomination à la préfecture palermitaine en mai 1982 jusqu’à son assassinat au début du mois de septembre. L’œuvre entretient de nombreuses analogies avec celle de Squitieri. Tout comme son homologue, le général s’est distingué par des actions d’éclats avant de devenir préfet, en s’opposant notamment aux Brigades rouges. Il souhaite également réaffirmer le pouvoir de l’Etat, qui semble encore plus amoindri en Sicile à cette période que dans les années 1920.
En effet, l’Honorable société s’est considérablement renforcée depuis le fascisme. Ses cadres structurels et la nature de ses activités ont été réformés en partie par Lucky Luciano (contraint de quitter le territoire des Etats-Unis en 1946, il s’installe à Naples l’année suivante). Ses ramifications dépassent les limites de la Méditerranée et détient de solides relations avec le crime organisé new-yorkais, ce qui n’était pas le cas avant la Seconde Guerre mondiale, d'après le repenti Antonino Calderone[5]. Les membres de Cosa Nostra sont ainsi devenus des hommes d’affaire et se sont enrichis grâce au commerce de stupéfiants.Les conditions de vie du peuple sicilien restent précaires. Une courte séquence le démontre dans le film de Ferrara. Le général se rend à la préfecture en taxi et découvre, à un feu rouge, la réalité de la misère à Palerme. Des enfants viennent taper à la vitre du véhicule pour vendre des chapelets d’ail qu’ils ont autour du cou[6].
Dalla Chiesa est animé par une même détermination que Mori, et adopte des orientations similaires, en lançant notamment une campagne d’information pour sensibiliser les siciliens et leur redonner confiance en la justice et l’ordre. Les deux films se différencient cependant lorsqu’il s’agit de montrer l’efficacité de chaque préfet. La progression de l’enquête menée par Dalla Chiesa est laborieuse et aboutit finalement a son élimination. L’Etat qu’il représente semble incapable de mettre en oeuvre des mesures efficaces contre les criminels. Au contraire Mori, (même s’il affronte une organisation moins puissante que celle des années 1980) ordonne une répression de vaste ampleur, parvient à multiplier les arrestations et à expulser les mafieux de Sicile. L’autoritarisme fasciste réussit par conséquent à enrayer les mécanismes de Cosa Nostra. La démocratie, quant à elle, échoue dans son combat contre le crime organisé, révélant ainsi ses faiblesses au grand jour. L’éloge de la lutte antimafia sous le fascisme est néanmoins nuancé dans le dernier tiers du film.
Une critique du fascisme bien tardive
Le préfet finit par arrêter les membres de la haute société palermitaine qui soutient la mafia depuis des années. Le procès est retentissant. Le procureur pense que cette initiative ne sera pas appréciée à Rome. Pour lui, « Peut-être qu’au fond le gouvernement préfère les gros titres sur les journaux à une action concrète et définitive ». Les véritables motivations du régime apparaissent enfin. Le film met au jour la veulerie des dirigeants fascistes, qui souhaitent seulement soulever la poussière qui recouvre la Sicile, sans pour autant nettoyer celle-ci des mafieux.
Les prérogatives concédées à Mori ne semblent donc pas illimitées, contrairement à ce qu’il pense. Cent jours à Palerme décrit une situation semblable. Lors d’une entrevue, le capitaine Fontana (Stefano Satta Flores) s’interroge sur les véritables pouvoirs qui ont été conférés à Dalla Chiesa. Le subordonné du préfet ne pense pas que son action soit comparable à celle qu’il a mené contre le terrorisme. Pour lui, une lutte totale contre les Brigades rouges a été engagée car ces derniers représentaient une menace directe pour l'Etat, tandis que le pouvoir officiel et la mafia sont intimement liés à Palerme. Mori rencontre les mêmes difficultés que Dalla Chiesa lorsqu’il s’attaque au sommet de la hiérarchie mafieuse.Il découvre que les fascistes et le pouvoir local sont inséparables en Sicile. L’efficacité et les bonnes intentions du fascisme sont profondément remises en cause. Le préfet parvient à remonter jusqu’au député et au ministre de l’intérieur lui-même. Les terrains acquis par les mafieux ont été légués à l’honorable élu, qui les a vendus à l’Etat pour construire un aéroport ainsi que la nouvelle maison du parti. Mori comprend que sa mission appartenait en fait à une stratégie plus globale d’implantation du fascisme en Sicile. L’Etat a par conséquent profité secrètement des réseaux mafieux pour renforcer son autorité sur le peuple.
Mori reçoit les honneurs lors de l’inauguration de la maison du parti. Mais ce dernier sait que « La plaie reste ouverte » et que Cosa Nostra n’a pas été entièrement éradiquée en Sicile. Selon Lupo : « Il y a deux thèses opposées. Selon l’une, Mori aurait anéanti la mafia, qui n’allait renaître qu’en 1943, toute armée, comme Athéna sortant de la tête de Zeus. D’autres soutiennent que le préfet fut stoppé au moment où il allait arriver en haut, ou encore que l’action ne fut dirigée que contre les petits délinquants, selon uen logique de classe »[7]. Le film privilégie donc la seconde hypothèse, à l’instar de l’ouvrage de M.-A. Matard-Bonucci : « Que la fascisme n’ai pas réussi à détruire la mafia est une évidence. La reconstitution rapide des circuits mafieux à la libération, la continuité du pouvoir de certaines cosches de part et d’autre de vingt années fascistes suffisent à la démontrer »[8], même si le régime est parvenu à donner un coup dur aux familles et à adopter de nouvelles stratégies pour échapper à la répression organisée par le préfet de fer.
Sur ce point, le film semble donc rester fidèle à l’histoire, contrairement au personnage de Mori, qui utilisa dans la réalité des méthodes proprement fascistes pour éradiquer la mafia : « Prises d’otages, déportations, et dans certains cas, vraisemblablement recours à la torture, le préfet Mori ne lésina pas sur la brutalité des moyens, se révélant parfaitement à son aise dans le contexte policier de construction de l’Etat totalitaire »[9]. À l'inverse du discours de l’œuvre de Squitieri, Mori fut l’apôtre du régime fasciste, et non le représentant d’une entité étatique qu’il voulait neutre : « Cesare Mori se proclamait volontiers fasciste et participa sans rechigner aux grandes batailles politiques du régime. Toutefois, ses choix politiques procédaient moins, à l’évidence, d’une adhésion au principe idéologique de la révolution fasciste que d’un credo dans l’affirmation d’un Etat fort »[10]. L’affaire Mori décrit un personnage autoritaire tout en étant défascisé, ce qui a l’avantage d’offrir un modèle d’intégrité et de réussite (même partielle), que l’administration italienne est loin de pouvoir offrir dans les années 1970. Le préfet Mori incarnerait dès lors une alternative pour une nation qui, à l’instar du personnage joué par Claudia Cardinale, a perdu sa croyance en la compétence de l'Etat.
Aurélien Portelli
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[1] Marie-Anne MATARD-BONUCCI, Histoire de la mafia, Paris, Editions Complexe, 1994, 316 p., p.145-146.
[2] Marie-Anne MATARD-BONUCCI, Histoire de la mafia, Paris, op. cit., p. 148.
[3] Serge DANEY, « Anti-rétro (suite) », in Cahiers du cinéma, n°253, octobre-novembre 1974, p. 31.
[4] Serge DANEY, « Anti-rétro (suite) », op. cit., p. 32.
[5] Cf. Pino ARLACCHI, Les hommes du déshonneur, La stupéfiante confession du repenti Antonino Calderone, Paris, Albin Michel, 1992, 342 p.
[6] La séquence rappelle celle où Guerrino (Alessandro Bruzzese) est obligé, dans Eugenio (Comencini, 1980), de vendre des mouchoirs aux automobilistes pour rapporter de l’argent à son père, qui le martyrise.
[7] Salvatore LUPO, Histoire de la mafia des origines à nos jours, Paris, Flammarion, 1999, 398 p., p. 231.
[8] Marie-Anne MATARD-BONUCCI, Histoire de la mafia, op. cit., p. 168-169.
[9] Marie-Anne MATARD-BONUCCI, Histoire de la mafia, op. cit., p. 152.
[10] Marie-Anne MATARD-BONUCCI, Histoire de la mafia, op. cit., p. 157-158.
[2] Marie-Anne MATARD-BONUCCI, Histoire de la mafia, Paris, op. cit., p. 148.
[3] Serge DANEY, « Anti-rétro (suite) », in Cahiers du cinéma, n°253, octobre-novembre 1974, p. 31.
[4] Serge DANEY, « Anti-rétro (suite) », op. cit., p. 32.
[5] Cf. Pino ARLACCHI, Les hommes du déshonneur, La stupéfiante confession du repenti Antonino Calderone, Paris, Albin Michel, 1992, 342 p.
[6] La séquence rappelle celle où Guerrino (Alessandro Bruzzese) est obligé, dans Eugenio (Comencini, 1980), de vendre des mouchoirs aux automobilistes pour rapporter de l’argent à son père, qui le martyrise.
[7] Salvatore LUPO, Histoire de la mafia des origines à nos jours, Paris, Flammarion, 1999, 398 p., p. 231.
[8] Marie-Anne MATARD-BONUCCI, Histoire de la mafia, op. cit., p. 168-169.
[9] Marie-Anne MATARD-BONUCCI, Histoire de la mafia, op. cit., p. 152.
[10] Marie-Anne MATARD-BONUCCI, Histoire de la mafia, op. cit., p. 157-158.
L’AFFAIRE MORI
Titre original : IL PREFETTO DI FERRO. Réalisation : Pasquale Squitieri. Interprétation : Giuliano Gemma, Claudia Cardinale, Stefano Satta Flores. Origine : Italie. Durée : 110 min. Année : 1977.
Titre original : IL PREFETTO DI FERRO. Réalisation : Pasquale Squitieri. Interprétation : Giuliano Gemma, Claudia Cardinale, Stefano Satta Flores. Origine : Italie. Durée : 110 min. Année : 1977.
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